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Plasticienne. Créatrice de la Grande Lessive (site http://www.lagrandelessive.net, blog http://www.lagrandelessive.com) Performeuse : conférences-performances publiques et interactives sur l'art et sa définition. http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiques-ministerielles/Education-artistique-et-culturelle/Actualites/Conference-Performance-Un-conte-pedagogique-de-Joelle-Gonthier Conceptrice de dispositifs. Entre autres : http://classes.bnf.fr/clics/accueil/presentation.htm, http://expositions.bnf.fr/portraits/pedago/cent/index.htm,http://expositions.bnf.fr/objets/pedago/00.htm,http://expositions.bnf.fr/lamer/parcours/index.htm

L'art au quotidien est écriture de l'art en train de se faire, ici et maintenant, dans mon atelier ou dans mon jardin, en ville ou sur d'autres territoires. Support destiné à une lecture publique, il retient une écume qui dira ce qu'elle est plus tard. (Tous droits réservés pour les textes et les images).

mercredi 16 avril 2008

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Une véritable initiation

En classe, préparer un mélange, disposer des touches ou répandre de la couleur n’est pas rien. C’est une incursion sur un territoire déjà peuplé que l’enfant aura, peu à peu, à explorer en compagnie de l’adulte. Si l’initiation des tout-petits favorise leur développement moteur, le passage à la peinture constitue surtout l’une des étapes de leur intégration au monde de l’adulte. La peinture est une « initiation » au sens fort puisqu’elle est le moyen de se sentir intégré au monde. Peindre est une danse qui balance sans cesse entre geste et pensée, rêverie et découverte en ayant le droit d’user de couleur, de forme et de matière pour donner corps comme d’autres l’ont fait avant nous. Ce n’est ni salir ni barbouiller. La peinture fait accéder à un univers symbolique. La gouache, l’acrylique ou le pigment sont, en eux-mêmes, des inventions qui introduisent une distance avec le monde et offrent, dans le même temps, des outils pour se l'approprier et en recréer un. C’est pourquoi le débat sur la place accordée à la peinture par les professionnels de l’art n’a pas à influer sur l’éducation. Les enjeux ne sont pas identiques.

L’apprentissage qui débute à l’école pour se prolonger toute une vie sera, entre autres, celui de la signification. Toutefois l’art ne se confond pas avec la communication ni avec la recherche exclusive d’une expression de soi car, sans l’expérience de l’autre et sans l’image d’un monde commun à tous, des dimensions artistiques fondamentales seraient amputées. L’enfant, l’enseignant et l’artiste n’ont pas la même pratique et ne partagent ni le même désir ni la même conscience de ce qu’ils font. Concevoir l’étude des arts visuels en lent cheminement de l’ignorance à la connaissance et des découvertes de l’enfance à la création digne d’un artiste, empêche de considérer l’incidence du « milieu » sur ce qu’il est possible d’enseigner et d’apprendre dans une durée limitée, avec des moyens restreints. Peindre à l’école n’oblige pas à obtenir une « œuvre » au terme du cours car l’ampleur de la tâche inciterait alors à renoncer. Il ne s’agit pas de « tout » obtenir dans l’instant ou de ne « rien » entreprendre. Ce genre de raisonnement appliqué aux mathématiques et aux lettres n’aboutirait-il pas à la disparition de l’école ? (à suivre)