Qui ?

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Plasticienne. Créatrice de la Grande Lessive (site http://www.lagrandelessive.net, blog http://www.lagrandelessive.com) Performeuse : conférences-performances publiques et interactives sur l'art et sa définition. http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiques-ministerielles/Education-artistique-et-culturelle/Actualites/Conference-Performance-Un-conte-pedagogique-de-Joelle-Gonthier Conceptrice de dispositifs. Entre autres : http://classes.bnf.fr/clics/accueil/presentation.htm, http://expositions.bnf.fr/portraits/pedago/cent/index.htm,http://expositions.bnf.fr/objets/pedago/00.htm,http://expositions.bnf.fr/lamer/parcours/index.htm

L'art au quotidien est écriture de l'art en train de se faire, ici et maintenant, dans mon atelier ou dans mon jardin, en ville ou sur d'autres territoires. Support destiné à une lecture publique, il retient une écume qui dira ce qu'elle est plus tard. (Tous droits réservés pour les textes et les images).

samedi 19 avril 2008

vendredi 18 avril 2008

"Les belles femmes emplies de grâce
se tiennent donc droites,
au milieu d'un paysage adéquat
à la saison respective."

Anonyme XXIème siècle

jeudi 17 avril 2008

"Je préfère la peinture à l'eau"

Fille de cheminot, professeur d'arts plastiques
ou artiste ?
4
Interroger l’école

L’adulte sait que ce que l’enfant parvient à faire demeure éloigné des résultats obtenus au terme d’un apprentissage centré sur l’art. À ses yeux, les pots renversés ou les traces qui s’entremêlent sont aussi salissures et barbouillages. La difficulté est d’ajuster ce qui est pensé à ce qui est fait, sans attendre un rapport idéalisé dont l’émerveillement marquerait l’accomplissement. La notion d’« échec » est ainsi à reconsidérer. L’enfant est-il en échec lorsqu’il commence à peindre ? Il ne sait pas encore qu’il fait de la « peinture » et que ce qui est recherché -sans toujours le lui dire- est l’art dont d’ailleurs il ignore encore tout ou presque.
L’enseignant porte un regard orienté vers un certain type d’évaluation. Comparer ce que fait un enfant avec ce que d’autres accomplissent au même âge situe du côté de la mesure et de la norme, non de celui de l’art. Dans les oeuvres modernes et contemporaines la notion de « progrès » est-elle de mise ? Comment aborder sous cet angle les peintures de Picasso, Matisse, Rothko, Soulages ou de Basquiat ? La démarche artistique emprunte des formes diversifiées. L’adulte dispose ainsi de toute latitude pour admettre en tant que peinture ce qui se présente à lui. Donner à voir et à comprendre à l’enfant l’étendue des possibles nécessite une éducation dont l’enseignant a également besoin, tant la multiplication des versions de la peinture sollicite des choix pédagogiques, ainsi que la capacité à créer des situations inédites. Étudier la peinture revient à apprendre à repousser les limites et à accueillir ce qui est inattendu. Ce pouvoir conquis servira au-delà de l’art. Les sciences, si souvent opposées à l’art, de même que la formation du citoyen, en bénéficieront. En ce sens l’appellation « arts visuels » ne rend pas compte du fantastique pouvoir à remodeler le monde grâce un travail « plastique ».

Entendre les questions que d’autres se sont posées avant nous, quand la pratique nous y invite, permet de se frayer un chemin. Oser la peinture en classe, c’est accepter de partager cette « histoire de famille » afin de se sentir moins isolé pour s’engager dans une aventure qui nous invite à nous découvrir. L’objectif n’est pas de suivre un exemple. C’est l’apprentissage de la liberté qui importe à une époque où la surveillance et la punition règlent nos existences. Oser la peinture, c’est accepter de faire entrer la couleur, la sensation ou encore l’étendue dans une boîte très particulière dotée d’un tout autre tableau : la classe. Ainsi, terme à terme, l’art interroge l’école. La peinture crée une situation qui autorise, l’adulte comme l’enfant, à inventer les moyens d’apprendre ensemble en partageant des émotions, des idées et des projets, en somme en vivant. La démarche artistique est en effet une activité infinie qui demande d’élaborer sa propre connaissance grâce à une pratique. Si l’école éveillait ce désir-là, perdrait-elle sa raison d'être et son temps ?

© Joëlle Gonthier
Janvier 2006

mercredi 16 avril 2008

Comme pour la guerre,
il est possible de se préparer à l'art,
mais
pas d' en anticiper tous les effets.
Je le tiens de mes grands-pères, de mon père
et d'autres encore.

3
Une véritable initiation

En classe, préparer un mélange, disposer des touches ou répandre de la couleur n’est pas rien. C’est une incursion sur un territoire déjà peuplé que l’enfant aura, peu à peu, à explorer en compagnie de l’adulte. Si l’initiation des tout-petits favorise leur développement moteur, le passage à la peinture constitue surtout l’une des étapes de leur intégration au monde de l’adulte. La peinture est une « initiation » au sens fort puisqu’elle est le moyen de se sentir intégré au monde. Peindre est une danse qui balance sans cesse entre geste et pensée, rêverie et découverte en ayant le droit d’user de couleur, de forme et de matière pour donner corps comme d’autres l’ont fait avant nous. Ce n’est ni salir ni barbouiller. La peinture fait accéder à un univers symbolique. La gouache, l’acrylique ou le pigment sont, en eux-mêmes, des inventions qui introduisent une distance avec le monde et offrent, dans le même temps, des outils pour se l'approprier et en recréer un. C’est pourquoi le débat sur la place accordée à la peinture par les professionnels de l’art n’a pas à influer sur l’éducation. Les enjeux ne sont pas identiques.

L’apprentissage qui débute à l’école pour se prolonger toute une vie sera, entre autres, celui de la signification. Toutefois l’art ne se confond pas avec la communication ni avec la recherche exclusive d’une expression de soi car, sans l’expérience de l’autre et sans l’image d’un monde commun à tous, des dimensions artistiques fondamentales seraient amputées. L’enfant, l’enseignant et l’artiste n’ont pas la même pratique et ne partagent ni le même désir ni la même conscience de ce qu’ils font. Concevoir l’étude des arts visuels en lent cheminement de l’ignorance à la connaissance et des découvertes de l’enfance à la création digne d’un artiste, empêche de considérer l’incidence du « milieu » sur ce qu’il est possible d’enseigner et d’apprendre dans une durée limitée, avec des moyens restreints. Peindre à l’école n’oblige pas à obtenir une « œuvre » au terme du cours car l’ampleur de la tâche inciterait alors à renoncer. Il ne s’agit pas de « tout » obtenir dans l’instant ou de ne « rien » entreprendre. Ce genre de raisonnement appliqué aux mathématiques et aux lettres n’aboutirait-il pas à la disparition de l’école ? (à suivre)

mardi 15 avril 2008

Fan de Marylin Manson
ou/et
élève de CM2?
2
Distinguer « faire faire » et « enseigner »

Pour beaucoup, la peinture occupe le point culminant des arts visuels, mais aussi le moins accessible. Sa pratique sollicite la combinaison de techniques, de références, d’intuitions, de raisonnements, ainsi que le questionnement de modèles et de démarches qui débouchent sur des choix et des prises de risque. Le regard porté sur ce qui est fait accroît la difficulté. Peindre nécessite de regarder, c’est-à-dire de comprendre où en est l’élaboration afin de la conduire à terme. Le regard du peintre instaure, de façon plus ou moins consciente, une relation à la peinture qui l’invite parfois à considérer cette dernière comme un interlocuteur vivant. L’artiste dialogue avec son oeuvre et modifie son intervention en fonction de réponses qu’il décèle. Apprendre à peindre revient à travailler cette relation qui demeure intime jusqu’à ce que l’œuvre, devenue autonome, rencontre le regard de spectateurs qui, à leur tour, feront exister la peinture. Il y a ainsi une différence entre « faire faire » de la peinture, c’est-à-dire inciter à utiliser un médium et « enseigner » la peinture, c’est-à-dire proposer l’étude, grâce à la pratique, d’une démarche artistique qui intègre les différentes dimensions du regard du peintre comme celles du regardeur. Dans ce dispositif ayant pour but la formation d’une personne, quel est le regard de l’enseignant ? Est-il un spectateur, un critique ou encore l’unique destinataire de ce qui est fait ? Qu’invite-t-il à étudier et comment aborde-t-il, dès la maternelle, une certaine immatérialité de la relation et de la démarche, sans disposer de livre scolaire ni de garantie de résultat ? (à suivre)

lundi 14 avril 2008


"Je monte sur la colline et puis je tire l'échelle :
ne montez pas la vue n'est pas si belle..."
Jacques Rebotier,
Lettre aux illettristes, URDLA, 2008
Oser la peinture
Pour l’enseignement artistique à l’école élémentaire


1
« Se voir peindre »

La peinture est indissociable de notre histoire. Son apparition paraît aussi naturelle que celle du feu. Pourtant tous deux résultent d’une action humaine dans laquelle la pensée occupe un rôle décisif. Il est possible de donner la composition chimique et physique de ce médium appelé « peinture », toutefois ses dimensions artistiques possèdent des frontières infiniment complexes qui retirent toute validité à une définition s’aventurant au-delà. Cette difficulté à énoncer ce qu’est la peinture distingue celle-ci d’une simple technique à acquérir. La peinture « bouge » avec nous. Du peintre qui la fait au regardeur qui l’active, un apprentissage est nécessaire.
Si le feu semble associé à la vie de manière indéfectible, le caractère vital de la peinture ne paraît pas établi aux yeux de tous. Son étude est proposée à l’occasion quand l’apprentissage de l’écriture est imposé pour vivre en société. Or l’histoire et l’ethnologie ont démontré l’importance de l’art afin de révéler ce que ne dit pas « le reste ». De cet enseignement-là, certains ne préfèrent retenir que le passé de l’art supposé offrir un plus grand intérêt pour l’école. Le « patrimoine » -en somme l’objet sans l’homme- se prête alors à une conservation et à une valorisation qui se traduisent en visites de groupes et peu en enseignement de l’histoire de l’art en classe, tandis que la pratique passe pour une vaine gesticulation face aux exigences scolaires. L’imaginaire qui détache des contraintes quotidiennes et le plaisir pris à le mettre en œuvre effrayent.

La première victime de cette discrimination est l’art lui-même si lié à la vie et à la pensée que celles-ci se lisent dans les œuvres : comment en effet expliquer l’émergence d’artistes sans l’action de l’école si ce n’est en succombant au mythe du don ? La transmission d’une part de ce qui fait notre humanité est compromise puisque la mise à l’écart de la pratique artistique est aussi celle de l’expérience de l’autre. L’enfant, dans son développement et sa formation, est atteint.

L’énigme s’épaissit alors. Pourquoi l’enseignant s’implique tant dans l’apprentissage de la lecture et du calcul, et abandonne si vite ce qui pourrait, à la fois, l’y aider et déborder l’espace du quotidien pour explorer une dimension de notre être qui ne le sera pas autrement ? Les mêmes « valeurs » ne sont-elles pas en jeu ? Les programmes expliquent-ils tout ? Pourquoi laisser supposer -y compris à nous-mêmes- qu’il existe des domaines qui ne s’enseignent pas et des personnes qui ne peuvent apprendre ? Oser la peinture à l’école, c’est gagner l’espace d’une pratique sociale et artistique dont nous nous sentons souvent exclus. « Se voir faire » de la peinture et de la sorte s’autoriser à la pratiquer est aussi important que posséder le désir de « voir ce que cela donne ». (à suivre)

dimanche 13 avril 2008

Front de floraison des cerisiers