Qui ?

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Plasticienne. Créatrice de la Grande Lessive (site http://www.lagrandelessive.net, blog http://www.lagrandelessive.com) Performeuse : conférences-performances publiques et interactives sur l'art et sa définition. http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiques-ministerielles/Education-artistique-et-culturelle/Actualites/Conference-Performance-Un-conte-pedagogique-de-Joelle-Gonthier Conceptrice de dispositifs. Entre autres : http://classes.bnf.fr/clics/accueil/presentation.htm, http://expositions.bnf.fr/portraits/pedago/cent/index.htm,http://expositions.bnf.fr/objets/pedago/00.htm,http://expositions.bnf.fr/lamer/parcours/index.htm

L'art au quotidien est écriture de l'art en train de se faire, ici et maintenant, dans mon atelier ou dans mon jardin, en ville ou sur d'autres territoires. Support destiné à une lecture publique, il retient une écume qui dira ce qu'elle est plus tard. (Tous droits réservés pour les textes et les images).

samedi 10 mai 2008

vendredi 9 mai 2008

"Belle de mai" ?

jeudi 8 mai 2008

Détail conférence/performance

L'étude de l'art en train de se faire
appelle l'invention
de dispositifs alliant médiation et création.
La conférence/performance est l'une de ces configurations.





mercredi 7 mai 2008

Détail conférence/performance
Nevers 29 avril 2008

mardi 6 mai 2008


La Grande Lessive®,
installation artistique éphémère

Du principe au terrain

Dire ce qu’est La Grande lessive nécessite d’en rappeler le principe. La Grande lessive est le titre d’une installation artistique éphémère qui fait référence à l’étendage en tant que modalité d’exposition, et au fait de rassembler les réalisations et -en quelque sorte les « effets »- d’une famille qui s’ignorait jusque-là. La Grande lessive marque à la fois l’importance de la signature apposée au dos de chaque réalisation et l’anonymat qui prévaut dans une manifestation de grande ampleur. Les centaines de manifestations locales font exister cette œuvre conçue pour développer le lien social et éveiller le désir d’une pratique artistique. Lancée en novembre 2006 par mes soins, cette installation a rassemblé en trois éditions, environ 230 000 personnes et se propage dans de nombreux pays : France métropolitaine, Ile de la Réunion, Mayotte, Antilles, Guyane française, Polynésie et Nouvelle-Calédonie, Cambodge, Malaisie, Chine, Arabie saoudite, Maroc, Espagne, Mexique, Guatemala, Etats-Unis…

Un enseignant ou une équipe d’école en sont souvent les initiateurs locaux. La Grande lessive se compose alors de réalisations issues de la communauté éducative élargie : élèves, enseignants, personnels administratifs, agents de service et parents. Il arrive ainsi que des ateliers de préparation réunissent enfants et adultes autour d’une pratique délaissée la plupart du temps par ces derniers depuis qu’ils ont quitté l’école. Accepter d’être celui qui ne sait pas, celui qui (ré)apprend, qui dévoile ce qu’il taisait ou celui qui partage n’est pas si facile. Grâce à un dispositif simple et connu de tous dès le départ, c’est pourtant ce à quoi invite La Grande lessive“. Réunir toutes les générations (grands-parents, parents, enfants de tous âges d’une même famille ayant été scolarisés dans la même école) n’est pas commun. Établir des liens entre la crèche, la maternelle, le collège ou le lycée, comme avec la maison de retraite, l’hôpital, la médiathèque, le centre social, un immeuble ou un lieu dédié à l’art ne l’est pas davantage. Les trois premières éditions démontrent cependant que La Grande lessive le permet. En effet, l’action débutée dans l’école se déploie sur un quartier ou sur une commune. Des réseaux se créent, les associations locales agissent pour donner une impulsion décisive à cette manifestation qui, peu à peu, investit la cité et se transforme en rendez-vous attendu.
Pour participer, seul importe le désir de donner à voir une réalisation plastique qui apparaît à son auteur digne d’être exposée en ce lieu et ce jour-là. Le succès de La Grande lessive vient aussi parce qu’elle autorise dans un contexte où interdiction et sélection se généralisent. Il n’y a donc ni remise de prix ni évaluation et les réalisations ne sont pas des exercices faits en cours. Tous les usagers d’un même lieu sont invités à accrocher une réalisation plastique à deux dimensions de format A4 à l’aide de pinces à linge, si possible en bois naturel afin de donner une cohésion visuelle à l’installation. Dessins, peintures, collages, photomontages, photographies ou poésie visuelle sont ainsi exposés pour une durée limitée -en principe- à une journée. Au même moment, partout dans le monde où a lieu cette action, La Grande lessive se met alors à exister.

L’art n’est plus hors je(u)

L’idée paraît simple, si simple qu’elle ne laisse peu deviner le travail qui la soutient. Cela fait plus de trente ans maintenant que j’étudie l’art et ce qui s’en enseigne. L’animation de nombreux ateliers hors de l’école, l’enseignement des arts plastiques dans le secondaire, la pratique de la médiation culturelle (entre autres au Jeu de Paume et à la Bibliothèque nationale de France), une thèse en esthétique réalisée en partie à l’aide d’entretiens d’artistes (Jochen Gerz, Aurélie Nemours, Pierre Buraglio…) et de chercheurs (Yves Lacoste, Jacques Ninio, Jean-Pierre Changeux, Camille Lacoste-Dujardin…), les conférences/performances qui initient maintes réflexions et rencontres ou encore mon travail en atelier ont composé le substrat de ce dispositif qui est, à mes yeux, un « modèle réduit d’interaction ».
Ma démarche artistique s’accomplit au quotidien et tout y participe. J’ai de fait toujours articulé ou combiné les activités de manière à ne jamais cesser d’apprendre. Une action nourrit l’autre et dans chacune je tente de créer ce que je nomme des « modèles réduits d’interaction ». Un tableau (lorsqu’il mérite cette appellation) est bâti sur ce principe. J’ai ainsi réalisé des séries de plusieurs centaines de peintures et « 100 mètres de peinture », soit dix rouleaux de 10m sur 1,50m en jouant sur les mots (sans mettre de peinture et sans maître de peinture). Pour la Bibliothèque nationale de France, j’ai conçu des dossiers pédagogiques en ligne dont une initiation à la photographie intitulée Des clics et des classes. En fait, j’explore les frontières infiniment complexes de l’art et, pour y parvenir, j’ai élaboré un outil conceptuel.

L’idée de tendre des fils à linge participe de cette démarche. La Grande lessive dont j’ai déposé le nom afin d’en protéger le principe et la philosophie, résulte d’une réflexion sur le monde de l’art, ses relations à la réalité, la notion d’auteur, ainsi que sur les modalités et la possibilité même de l’apprentissage. Il m’a semblé important de trouver un dispositif qui inscrive d’emblée l’échelle humaine et l’action. Celui de l’étendage repose sur une histoire partagée et une fonction. Il répond ainsi aux dispositions minimales et au schéma requis par l’exposition. Ce qui est accroché l’est à hauteur de visage et de regard. Entre ce qui est suspendu et celui qui regarde un face à face est provoqué, une invitation au dialogue lancée. L’annonce officielle et la fréquence La Grande lessive“ (deux fois par an) interrogent ce qu’elle sera pour chacun d’entre nous ou pour un collectif. En serons-nous spectateurs ou acteurs ? Que faire si nous choisissons d’y participer : dessin, photo, écriture ou peinture, les deux ? Sur quel site l’organiser, avec qui et pourquoi ? La décision et l’anticipation du travail à effectuer font partie de la démarche à accomplir pour aller vers l’art. Il devenait nécessaire de les intégrer au dispositif, comme il me paraissait incontournable de rendre perceptible ce qu’implique un accrochage, tant d’un point de vue matériel que social et personnel. Les arguments destinés à se convaincre soi-même ou à emporter l’adhésion d’autres personnes ou celle d’une structure municipale par exemple invitent également à revisiter ses propres rapports à l’art et à sa pratique, sa conception de l’apprentissage, la fonction sociale de l'un et de l'autre. Les déplacements ainsi sollicités sont déjà un gain et une rupture avec un quotidien souvent peu soucieux de poser de telles questions, surtout par une pratique. D’un coup, l’art est un sujet de réflexion et d’échange, et la question des moyens pour en faire soi-même (et non pas seulement d’y accéder économiquement) s’adresse à chacun. Pour un temps, l’art n’est plus hors je(u).

Le jour de l’accrochage, les regards oeuvrent. La signature apposée au dos de chaque réalisation en dit parfois moins sur l’auteur que le versant exposé au regard de tous. Même entouré de bienveillance, celui qui expose prend un risque. C’est ce vécu de l’exposition que je cherchais également à faire partager dans le contexte actuel de dénigrement quasi systématique de l’art en train de se faire et de programmes scolaires jugeant de fait l’art contemporain impropre à l’enseignement. Il s’agit en quelque sorte de faire passer de l’autre côté du miroir, non pour signifier que nous sommes tous artistes par ce simple fait, mais pour évaluer le travail sur soi qu’exige la démarche artistique, quelles que soient les qualités esthétiques de la réalisation présentée. Le projet est de rendre compréhensible ce qui se passe et d’accéder à une connaissance issue d’un contact direct et de la sollicitation de l’imaginaire en vue de renouer -en art aussi- avec les pratiques et le savoir dont nous sommes les contemporains.

Ensuite, advient un autre temps : celui d’instaurer un dialogue de réalisations à réalisations. Le jugement de valeur est exclu. Il s’agit d’interroger les réponses de chacun à une mise en situation comparable et également sa capacité à s’emparer ou à détourner des consignes, sachant qu’il n’est pas certain que le détournement apporte toujours le plus fort « coefficient d’art » comme disait Marcel Duchamp. En passant d’une réalisation à l’autre, le regard est mu par une pensée qui interroge les conditions d’existence de l’art et sa définition même. C’est dire si la seule vision ne suffit pas. Ici, c’est une pensée qui se livre sans les mots, dans les intervalles des feuillets suspendus comme dans les plissements des supports ou bien dans le souffle qui les soulève, dans la couleur éclatante de la peinture ou la pâleur du crayon de couleur, dans le collage qui se décolle ou dans la photo qui dit autant qu’elle est image que trace, cri ou invention. Le frottement des réalisations dégage quelque chose de très différent à chaque fois. Cependant les accrochages manifestent toujours une force et une poésie suffisantes pour faire naître le désir de rééditer cette Grande lessive afin de voir ce que cela donne. La prochaine édition se déroulera le jeudi 16 octobre, les inscriptions ont déjà commencé sur le site http://www.lagrandelessive.net. Cette installation artistique éphémère s’inscrit désormais en France dans un paysage politique et social qui laisse peu de place à l’art et qui ravale la poésie à un exercice de mémorisation. Souhaitons que La Grande lessive de rentrée ait les couleurs d’une humanité qui s’affirme par son pouvoir de créer et de faire des mondes.

J.G., avril 2008















lundi 5 mai 2008

dimanche 4 mai 2008