Qui ?

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Plasticienne. Créatrice de la Grande Lessive (site http://www.lagrandelessive.net, blog http://www.lagrandelessive.com) Performeuse : conférences-performances publiques et interactives sur l'art et sa définition. http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiques-ministerielles/Education-artistique-et-culturelle/Actualites/Conference-Performance-Un-conte-pedagogique-de-Joelle-Gonthier Conceptrice de dispositifs. Entre autres : http://classes.bnf.fr/clics/accueil/presentation.htm, http://expositions.bnf.fr/portraits/pedago/cent/index.htm,http://expositions.bnf.fr/objets/pedago/00.htm,http://expositions.bnf.fr/lamer/parcours/index.htm

L'art au quotidien est écriture de l'art en train de se faire, ici et maintenant, dans mon atelier ou dans mon jardin, en ville ou sur d'autres territoires. Support destiné à une lecture publique, il retient une écume qui dira ce qu'elle est plus tard. (Tous droits réservés pour les textes et les images).

vendredi 25 avril 2008

Sainte-Luce

(...) La question pourrait être : « comment le monde se présente-t-il ? » ou « qu’est-ce qui du monde se présente à nous et sous quelles formes ? ». En effet, si la vision d’un trognon de pomme, d’une rondelle de ce même fruit étoilée de pépins ou du contenu du pot de compote renversé sur la table se succèdent, celles-ci suscitent des réactions différentes car nous n’en concluons ni les mêmes causes ni les mêmes conséquences. Ces visions renvoient à des actions, mais aussi à des valeurs qui, bien qu’elles soient absentes de l’image, influent sur la signification que nous lui attribuons et sur l’effet produit sur nous-mêmes. À la convoitise du fruit mûr et juteux peut ainsi succéder la répulsion suscitée par l’aspect du contenu d'un pot de compote épars et méconnaissable.
L’apparence, le point de vue ou la distance s’allient aux relations de proximité et de familiarité que nous entretenons ou non avec les êtres et les choses afin d’instaurer nos rapports au monde. C’est pourquoi, d’une certaine façon, face à une image ou à une œuvre, laisser agir le sensible revient à ignorer ou à préférer méconnaître ce qui le constitue en nous. Si nous agissions de la sorte en découvrant le monde et si nous nous contentions de la sensation sans chercher à déceler ni à formuler ce qui l’a suscité, comment saurions-nous ce que sont les choses ? Prisonniers de l’intimité du vécu ressentirions-nous le besoin et aurions-nous l’idée de leur attribuer un nom ? Comment notre humanité se manifesterait-elle et se transmettrait-elle ? L’art n’échappe pas à ce qui régit notre rapport à la connaissance. Il creuse seulement des écarts qui invitent à interroger autrement l’existence même et le régime du monde. L’art nous permet de nous approprier le monde et de nous sentir au monde. Dans le contexte de la petite enfance « être au monde » n’est pas une simple expression, l’art mérite ainsi tout l’intérêt accordé à l’existence.

Extrait de la conférence réalisée pour l'Observatoire de l'enfance en France,
Deuxièmes entretiens de la petite enfance, Lyon, 2007,
Que disent les livres pour enfants de nos rapports à l’art, à l’apprentissage et à l’enfance ?