"Je n’ai pas un back ground artistique. Je n’étais pas dans une école d’art. Je n’ai pas voulu être artiste. Cela s’est fait un tout petit peu par le concours des circonstances. J’ai pensé écrire, je n’ai donc pas fait d’études correspondant à cette profession d’artiste. Par contre, j’ai plutôt fait des études de préhistoire et de sinologie « américanistique ». Mais l’écriture m’a suivi, même quand j’ai quitté le champ, le milieu de l’écriture où j’avais commencé. J’ai continué à faire beaucoup de livres et ces choses-là qui ne sont peut-être aussi pas tout à fait normales pour un artiste. Donc, l’écriture m’a suivi à différentes étapes et différentes façons de travailler. Même à l’intérieur de l’art, je n’ai pas une oeuvre très homogène. Au fond, j’ai toujours recherché le contraire de l’homogénéité. Je parle dans les manuscrits très souvent des positions normales, des positions itinérantes, des choses qui justement transfèrent et transgressent les identités. Il se trouve que cela m’est arrivé aussi dans la vie. C’est donc des écrits, mais des écrits qui n’ont jamais servi à l’écriture. C’est aussi à ce niveau-là que l’écriture a une utilité autre que l’écriture pour moi, c’est-à-dire elle est outil pour un travail qui est un travail artistique. "

Jochen Gerz, extrait de l'entretien accordé le 17 mars 1998 à J.G.