"(...) Malévitch peignant Carré blanc sur fond blanc enfreint le sujet de la peinture ; Pollock effectuant un dripping éprouve une posture ; Duchamp décidant le ready-made radicalise une attitude de même que Matisse découpant avec une paire de ciseaux assume un comportement vis-à-vis du dessin. Ces artistes m’aidèrent à saisir à travers leur postulat respectif, ce que l’art recouvre comme réalité matérielle et singulière, comme source d’effets spécifiques, comme impact visuel et mental. Ils m’aidèrent à comprendre par la suite, la portée du geste produit fondamentalement par « l’outil ». Comment la fonction et le statut de celui-ci génèrera une pensée, une prise de décision, une part d’intuition ? Il est à la fois un vecteur et un moteur qui engendre autant d’illusions que de désillusions, autant de doutes que de certitudes. C’est du moins dans cette prise de conscience du rôle de « l’outil » que j’avançais furtivement vers l’art sans pouvoir cerner véritablement une identification localisée à un moment précis et qui néanmoins se pointait.(...)"
Christian Jaccard, extrait de l'entretien accordé le 6 février 2006 à J.G.