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Plasticienne. Créatrice de la Grande Lessive (site http://www.lagrandelessive.net, blog http://www.lagrandelessive.com) Performeuse : conférences-performances publiques et interactives sur l'art et sa définition. http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiques-ministerielles/Education-artistique-et-culturelle/Actualites/Conference-Performance-Un-conte-pedagogique-de-Joelle-Gonthier Conceptrice de dispositifs. Entre autres : http://classes.bnf.fr/clics/accueil/presentation.htm, http://expositions.bnf.fr/portraits/pedago/cent/index.htm,http://expositions.bnf.fr/objets/pedago/00.htm,http://expositions.bnf.fr/lamer/parcours/index.htm

L'art au quotidien est écriture de l'art en train de se faire, ici et maintenant, dans mon atelier ou dans mon jardin, en ville ou sur d'autres territoires. Support destiné à une lecture publique, il retient une écume qui dira ce qu'elle est plus tard. (Tous droits réservés pour les textes et les images).

lundi 19 mai 2008

Yann Kersalé : "Je ne sais pas si j’ai perçu que les arts plastiques pouvaient être « utiles » à quelque chose. Ce n’est pas du tout cela. Au départ, ce fut extrêmement sensitif, extrêmement viscéral... depuis l’enfance. Ensuite, grâce à l’intervention d'un éducateur -Bernard-, j’ai appris qu’il existait une école pour apprendre ça. Qui voulait dire « école », voulait dire « métier ». Et j’ai découvert des pochettes de disques, des « machins », des peintures, les musées... C’est la première fois que j’ai appris à prendre contact avec l’art proprement dit. Mais j’ai bien vu aussi que l’art était quelque chose à part. L’art appelait aussi la question « À quoi ça sert ? ». Cette question se posait beaucoup à l’époque et elle se pose encore actuellement. Le « métier » (au sens : « Apprends bien à faire des maths mon garçon, tu seras ingénieur » ou « Apprends bien la biologie, tu seras toubib ! » ) ne convient pas. On peut toujours dire : « Apprends bien l’art, tu seras architecte », mais bon ! À mon époque (je suis né en 1955), il y avait encore de grandes valeurs liées au métier. On était « bien » quand on faisait ingénieur, avocat, médecin et architecte.

Joëlle Gonthier : Mais pas artiste ?

Y.K. : Artiste cela ne veut rien dire. C’est original, voilà ! Un artiste, cela représentait justement et continue à représenter ce côté... perturbation du rail bien établi des métiers « décents ».

J.G. : Maintenant que tu es devenu artiste, penses-tu te tenir du côté de la perturbation ?

Y.K. : Moi, de toute façon, j’ai toujours été plus ou moins « anar »...

J.G. :Être artiste sert à prendre position socialement, politiquement ?

Y.K. : Quand j’ai commencé à avoir un rapport politique à quelque chose, pour moi l’enjeu a toujours été d’établir un rapport, non pas en vue de détenir des privilèges, mais plutôt d’être dans un rapport social d’égalité. En fait, ce n’est pas un rapport d’égalité, parce que le phénomène d’égalité est pipé au départ. Mais on peut réduire cela. Politiquement, ce qui m’intéressait, c’était le changement. Or, je me rends compte, grâce à ce métier, qu’effectivement, nous avons une grande part du cerveau qui ne sert à rien ou qui n’a pas servi et qui est totalement à découvrir. Et c’est ce qui nous ramène tout de suite aux arts plastiques. Si l’éducation a pour but de développer le cerveau, si cette part qui est la perception et grâce à elle s’il se dégage une philosophie, je dirais presque « un ordre de vie » et bien, je dirais que les arts plastiques devraient être une « matière première », avant n’importe qu’elle autre matière". (...)

Extrait de "Je fais de la matière avec une autre matière"
Entretien accordé par Yann Kersalé le 6 avril 1991.