" (...) Il faut se lever très tôt pour vouloir être compris. Alors là, cela va beaucoup mieux si l’on n’est pas compris ! Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui nagent sur cette convention qui s’appelle de l’art, qui ne s’exposent pas, qui ne vont pas jusqu’au bout de cette soi-disant convention qui s’appelle « le compris». Moi, je suis pour la compréhension dans tous les sens du terme, c’est-à-dire aussi pour l’énigmatique ; pour le mystère s’il ne vient pas trop comme un cadeau pas trop évident comme une reprise de quelque chose ; pour le nouveau, pour la surprise, pour la provocation… Tout cela, c’est des manières de faire vivre. Il n’y a pas vraiment une différence entre ce que l’on comprend et ce que l’on peut à peine comprendre et ce que l’on ne peut pas du tout comprendre. C’est seulement à juger par rapport à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire comment cela fait vivre ! C’est le boulot de l’art de faire vivre, entre autres, en toute modestie."
Extrait de l'entretien accordé par Jochen Gerz à J.G. le 17 mars 1998