Qui ?

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Plasticienne. Créatrice de la Grande Lessive (site http://www.lagrandelessive.net, blog http://www.lagrandelessive.com) Performeuse : conférences-performances publiques et interactives sur l'art et sa définition. http://www.culturecommunication.gouv.fr/index.php/Politiques-ministerielles/Education-artistique-et-culturelle/Actualites/Conference-Performance-Un-conte-pedagogique-de-Joelle-Gonthier Conceptrice de dispositifs. Entre autres : http://classes.bnf.fr/clics/accueil/presentation.htm, http://expositions.bnf.fr/portraits/pedago/cent/index.htm,http://expositions.bnf.fr/objets/pedago/00.htm,http://expositions.bnf.fr/lamer/parcours/index.htm

L'art au quotidien est écriture de l'art en train de se faire, ici et maintenant, dans mon atelier ou dans mon jardin, en ville ou sur d'autres territoires. Support destiné à une lecture publique, il retient une écume qui dira ce qu'elle est plus tard. (Tous droits réservés pour les textes et les images).

vendredi 28 novembre 2008

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Etre :
une affaire de savoir-vivre ?

La valorisation permanente de ce qui sert invite à considérer l’art avec suspicion et les artistes tels des êtres à part quand, dès notre plus jeune âge, nous avons à apprendre que nous sommes comme les autres et les autres comme nous. L’art devient facultatif, non pas au sens de développer des facultés, mais d’être laissé à l’appréciation de chacun. Dès lors, quelle peut être la relation de l’enfant à l’art ? Faire de l’art un bien de consommation culturelle et un moyen de se distinguer suffit-il à transmettre ce qu’il est ? L’art est une pratique sociale. En conséquence, un apprentissage est nécessaire pour accéder à ce territoire où se multiplient à l’infini les signes, comme les écarts et les références, qui rendent la moindre nuance significative et où l’appréhension d’un objet en tant qu’œuvre suppose de lui reconnaître des propriétés non perceptibles.
Le plus souvent, l’adulte refuse de mettre des mots sur les pratiques de l’art et sur les relations qu’il entretient aux œuvres. (Il n’est pas à l’aise ayant été lui-même un enfant traité de la sorte). En ce domaine, il ne montre jamais à l’enfant comment s’y prendre, alors qu’il déploie par ailleurs des modèles d’acte en toute circonstance. Une révélation ou une alchimie interne feraient-elles advenir l’art malgré soi ? À moins que l’artiste ne soit en réalité l’enfant dont l’énigme attise le désir au point de consacrer sa vie entière à chercher comment l’art vient aux artistes ? Au contraire de la plupart des adultes, il serait alors celui qui a su conserver ce que l’enfance apprend de l’art : non une prétendue innocence, mais une infinie capacité à chercher, à accueillir ce qui arrive et à s’emparer d’appuis négligés par d’autres. L’artiste est ainsi celui qui accepte d’apprendre des autres, tout en ayant conscience d’avoir à inventer sa propre démarche. Il choisit précisément de faire ce qu’il ne sait pas encore faire, tant le déjà fait et le déjà-vu perdent leur intérêt à ses yeux, dès qu’il a compris ce qu’ils étaient. L’artiste est celui qui se dit artiste pour le devenir un jour. L’expression « être artiste » ne laisse pas toujours entendre le choix de vie qu’elle implique. Le travail sur soi et l’étude incessante que nécessite l’art sont également occultés au profit des mythes de l’artiste qui donnerait des œuvres comme un arbre des fruits et de l’enfant artiste de ce seul fait. Ce qui lie l’artiste à l’enfant n’est pas une hypothétique parenté esthétique de leurs réalisations. Il s’agit plutôt d’un savoir-vivre le monde dans lequel la pensée qui habite le corps ne cesse d’être en travail et en quête de sens. C’est pourquoi l’art ne sert pas à décorer le monde, mais à l’humaniser. Dès le « facultatif » ou le « fondamental » des textes récents destinés à l’école ont-ils une pertinence ? L’art nous parle parce qu’il nous parle de nous, qui d’autre le fait pour grandir l’homme ?